C’était la fin août. Nous revenions tout juste d’un beau voyage en Gaspésie, dont nous avions rapporté mille et une bonnes petites choses à nous mettre sous la dent. Mais par un beau jour où je cherchais de quoi grignoter dans le frigo, le drame: saumon fumé, bourgots, calmars fumés, morue séchée… TOUT ce que nous avions achetés me donnait la nausée! Et pourtant, tout était encore bien frais…

Je suis allée tirer mon doux par la manche: d’une part, appelle ton père et dis-lui de venir nous débarasser de tout ça et, d’autre part… tu crois pas qu’on est dus pour un autre test de grossesse?

D’autres auraient déjà eu une certitude: les nausées, les dernières règles remontant à près de deux mois, et quelques autres petits indices. Pas nous. Ayant pris la pilule pendant une quinzaine d’années, je l’avais arrêtée au printemps 2002, justement dans l’espoir de tomber enceinte. Mais depuis, mes règles étaient rares et irrégulières: j’en avais aux trois mois, aux deux mois, aux quatre mois… avec, chaque fois qu’elles n’arrivaient pas, l’espoir que cette fois, ça y était!

Nous nous étions ruinés en tests de pharmacie pendant deux années et demie, et avions chaque fois découvert avec grande déception qu’une seule ligne apparaissait: test négatif, négatif, négatif et encore négatif. Et pendant ce temps, autour de nous, il pleuvait des bébés, même pour mes amies qui avaient pris la pilule aussi longtemps que moi…

Alors une fois de plus, nous avons pris le chemin de la pharmacie sans trop y croire. Le lendemain, à 5h du matin, j’ai fait le test et, sans regarder, je l’ai glissé sous l’oreiller où mon doux roupillait encore. D’un bisou, je me suis fait pardonner ce réveil très matinal et c’est à deux que nous avons attendu les quelques minutes nécessaires au dévoilement du test. Puis j’ai soulevé l’oreiller…

En vois-tu deux? Et toi? Mon doux se frottait les yeux… Je pense que je vois double… moi aussi… Il me semble que deux lignes ça veut dire que… non… impossible! Attends, je vais relire les instructions.

Eh oui. Cette fois, ça y était: deux ligne, une grossesse. Et toc.

Malgré la preuve qui s’affichait clairement en rouge sur fond blanc, nous hésitions encore à nous enthousiasmer: et si le test était erroné? J’ai donc décidé d’aller rencontrer mon médecin de famille ce jour-là pour avoir une confirmation.

Dès le lendemain matin, j’avais un rendez-vous pour un test sanguin qui devait permettre de valider le premier test, ainsi que de fixer approximativement la date de fécondation.

Quelques jours plus tard, le résultat arrivait. J’étais enceinte. Je l’étais depuis 4-5 semaines, en comptant deux semaines d’aménhorrée.

Enfin, nous pouvions y croire, nous réjouir, l’annoncer aux proches… «Juste aux proches!», a prévenu le médecin, nous annonçant que malgré la bonne nouvelle, tout n’était pas gagné: une grossesse sur quatre se termine en fausse couche pendant le premier trimestre…

Alors nous avons été discrets. Mais heureux. Tellement heureux! Les jours ont passé, les semaines, les mois… Les proches l’ont su, les collègues et quelques amis aussi… et pour les autres, avec cette nouvelle rubrique maternité, ça ne saurait tarder!