Un matin d’automne 1988, mon père s’est réveillé en imaginant une décoration de Noël unique: un petit village d’antan miniature qui agrémenterait les ronds de fleurs enneigés. D’autres en auraient rêvé, comme on rêve d’une chose merveilleuse et lointaine, puis auraient acheté, année après année, une petite maison pour étoffer leur village grandissant.

Pas mon père. D’une part, il ne rêve pas, du moins pas longtemps: car lorsqu’il a un projet en tête, on n’est jamais bien loin d’en voir la réalisation concrète. Ensuite, il n’achète pas: il fait de ses mains. Et enfin, il n’y va pas progressivement. Avec lui, c’est tout ou rien!

Par un beau matin de septembre 1988, il est donc sorti acheter divers matériaux et a commencé à bricoler sa première petite maison. Ayant pour seul repère quelques vieilles photos, il a commencé à reproduire la maison paternelle de ma mère.

Ont suivi l’école de rang où ma mère a déjà enseigné, l’immeuble où ma grand-mère paternelle avait habité dans sa jeunesse, et bien d’autres encore:

En décembre, son village était complet: il comptait 20 petites maisons colorées, plus un pont couvert, muni d’une poignée qu’on doit tirer pour pouvoir entrer chez eux. Depuis, presqu’à chaque hiver, il sort sa souffleuse pour créer d’énormes bancs de neige devant la maison, afin de surélever le village. Puis il installe des lumières et pose chaque maison dessus. Le clou du spectacle, c’est un haut-parleur placé près de l’église, qui donne l’impression que ce sont les villageois rassemblés là qui chantent des cantiques de Noël et des refrains du jour de l’An. Soucieux des détails, après chaque nouvelle bordée de neige, il fait glisser deux petits traîneaux, pour donner l’impression qu’ils sortent du pont couvert, en direction du village…

Je vous laisse avec cette vue générale du village complet (ou presque), qui vous fera aisément comprendre que son village soit l’attraction de la place depuis plus d’une décennie: