Douloureux réveil après une longue sieste avec ma petite jeudi dernier: décidément, ce n’était pas l’idée du siècle de dormir à plat ventre après avoir sauté un boire. Mon doux avait donné le biberon en mon absence pendant que je faisais parsemer ma tignasse rousse de reflets roses, et je n’avais pas tiré mon lait pour compenser.

Ce n’est pas une première… En fait, oui, le rose dans les cheveux, c’est nouveau, mais le saut d’un boire sans tirer le lait, ça m’arrive à l’occasion. Suffit alors de proposer mes seins engorgés à la petite, qui se fait un plaisir de ramener le tout à la normale.

Ce que j’ai fait, d’abord d’un côté, qu’elle m’a vidé en un clin d’oeil. Puis, quand j’ai présenté l’autre sein, elle l’a goûté et s’en est désintéressé, en le regardant de travers, un peu comme lorsqu’on me présente à moi un plat de champignons…

Curieuse, j’ai goûté un peu du lait qui perlait encore: il m’a semblé non pas sucré comme à l’habitude, mais plutôt salé! Peut-être était-ce mes doigts qui l’étaient, me suis-je dit… alors pour en avoir le coeur net, et surtout pour désengorger le sein dédaigné par ma petite, j’ai tiré un peu de lait pour le goûter: définitivement, il goûtait très, très salé! Et mon sein était de plus en plus douloureux…

C’est seulement à ce moment que j’ai soupçonné une mastite, mais n’ayant jamais entendu parler qu’elle pouvait occasionner un changement de goût du lait, j’ai fait quelques recherches pour valider mon diagnostic. En quelques clics, bingo! Dans un document de l’Organisation mondiale de la santé sur la mastite, on confirme le changement de goût, tout en fournissant une explication: «Les taux de sodium et de chlorure augmentent et les taux de lactose et de potassium diminuent. Le goût du lait est altéré: il devient plus salé et moins sucré. Généralement, ce goût salé n’est que temporaire, durant environ une semaine.»

Je n’ai pu poursuivre la lecture très longtemps, soudainement prise de gros frissons, tremblant comme une feuille, claquant des dents… Je n’avais plus de soupçon quant à la nature du mal qui me rongeait, mais une certitude! J’ai pris, dans l’ordre, un comprimé d’acétaminophène, du repos et une bonne soupe aux légumes. Après quelques heures, j’allais déjà beaucoup mieux.

Au lendemain de cette mésaventure, la douleur était presque partie, mais mon lait est demeuré plutôt salé environ 48h. Heureusement, la petite n’a plus rechigné à le boire, comme si elle sentait qu’elle avait un rôle à jouer dans ma rémission.

La mastite est généralement causée par une mauvaise prise du sein par bébé; dans mon cas, c’est non pas la posture d’allaitement, mais plutôt celle du dodo qui est à revoir! Quant à la couleur des cheveux, c’est une autre histoire…