J’avais littéralement dévoré Kitchen Confidential, de Anthony Bourdain, chef exécutif du restaurant new-yorkais Les Halles. Avec un langage souvent cru, mais quand même savoureux, il y explorait les dessous du monde de la restauration en général et de la cuisine en particulier. Les cuisiniers y sont décrits au pire comme des criminels et des drogués et au mieux comme des salauds, tous réunis par une même fascination pour la bouffe.

Irrévérencieux? Choquant? Bah, s’il épice joyeusement ses livres de « fuck », de « shit » et de leurs dérivés et n’épargne pas au lecteur les détails lorsqu’un repas ne passe pas, c’est surtout parce que l’excellent communicateur qu’il est sait qu’il n’y a rien de tel qu’un mauvais garçon pour séduire le lecteur (ou la lectrice ;-)) et imager l’histoire.

Ces jours-ci, je suis plongée dans son deuxième bouquin, A Cook’s Tour, où il fait le tour du monde à la recherche du repas parfait. D’emblée, Bourdain déclare avoir fait une putasserie en acceptant qu’une équipe de télé le suive pour faire une émission pour le Food Network, apparemment pour que le livre se vende mieux. Vraiment? Dans mon cas, c’est plutôt l’inverse: apprenant en le lisant l’existence de cette émission, je me surprends à vouloir soudainement délaisser mon bon vieux câble pour avoir la télé numérique ou le satellite… Il faut croire que même un simple livre peut causer des dommages collatéraux…

Allez, on se doute bien qu’il va finir par nous dire que « there’s no such thing as a fuckin’ perfect meal« , que c’est le contexte qui peut faire un désastre d’un grand repas, ou une merveille d’un petit plat tout simple… ce qui n’empêche en rien de prendre plaisir à le suivre dans ses périgrinations culinaires.

Cela dit, je déconseille vivement la lecture du chapitre sur le Portugal avant le dodo…