Vie de famille
Réflexions sur la maternité, la grossesse, les garderies… et les incontournables mots d’enfant!
Traductions infidèles
11 janvier 2006 | Martine Gingras«Coudonc, maman, tu ne connais pas la chanson?» Voilà ce que je lis dans le regard interloqué de ma fille quand je lui chante Sur la ferme à Mathurin ou encore Ah vous dirais-je maman, deux airs qu’elle connaît bien pour les avoir entendus à répétition, l’un sur le DVD Les animaux du voisinage de Baby Einstein et l’autre dans son module de jeu Intellitainer de Fisher Price.
Pourtant si, je connais la chanson! Mais alors que je lui chante Sur la ferme à Mathurin, de charmants petits bébés Einstein américains aux lèvres pas très synchros lui affirment plutôt que Le vieux MacDonald a une ferme… Bon, d’accord, d’après quelques recherches sur le Web, je vois que cette traduction-là est aussi très courante, alors je ne vais pas trop ronchonner, même si j’aurais préféré lui apprendre la version avec laquelle j’ai grandi.
Plus dommage, on apprend à ma fille Brille brille petite étoile sur l’air de Ah vous dirais-je maman, un classique de la comptine française qui date de 1761, et dont la mélodie a ensuite inspiré le Twinkle Twinkle Little Star anglophone (d’après cette source)! Apprendre à nos enfants à chanter la traduction française d’une adaptation anglaise d’un classique français, n’est-ce pas un peu délirant?
Le même appareil m’a fait sursauter lorsque je l’ai déballé cet été et qu’il s’est mis à claironner Le pont de Londres va s’écrouler, s’écrouler, s’écrouler, et ce, à peine quelques jours après les attentats terroristes sur Londres. Douteux? Disons plutôt cocasse: j’ai en effet découvert sur le tard l’existence d’une populaire comptine anglaise: London Bridge is falling down, Falling down, falling down, London Bridge is falling down, My fair lady. Cette «nursery rhyme» n’évoque toutefois absolument rien pour nous, francophones! S’il fallait absolument une chanson parlant d’un pont (pour accompagner l’illustration sur le jouet), pourquoi ne pas avoir chanté Sur le pont d’Avignon, un classique qui aurait tout à fait sa place dans le répertoire de ma fille?
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Entre la couche et le petit pot
14 décembre 2005 | Martine GingrasJ’ai beaucoup hésité à parler de ce qui suit sur les Banlieusardises, préférant vivre cette aventure tranquillement, au rythme de ma fille, sans avoir à me soucier de l’opinion publique sur un thème que je sais épineux… Je m’attends à ce que certains y voient une lubie de parents, voire même de l’autoritarisme, alors que ce n’est pas du tout de cela qu’il question (c’est même plutôt l’inverse). Mais comme ce sujet qui me touche de près vient d’être abordé dans le forum de mon propre site, je n’en peux plus de trépigner et de me mordre les lèvres… Alors j’ose sortir du garde-robe, ou plutôt, de la salle de bain!
Une mise en contexte, tout d’abord: ma petite a toujours signalé de manière très évidente son indignation quand sa couche était mouillée. Sans doute parce que je répondais prestement à ses cris, elle a peu à peu commencé à signaler non pas la couche mouillée, mais l’imminence d’une couche mouillée, avec pour résultat qu’elle m’offrait une jolie fontaine à admirer lorsque je défaisais sa couche encore sèche sur la table à langer!
Il y a quelques mois, une copine qui a vu le manège m’a dit avoir entendu parler de l’hygiène infantile naturelle, selon laquelle le détour par les couches pendant les première années de vie ne serait nullement nécessaire. Elle avait trouvé l’idée surprenante, voire saugrenue, mais ce qu’elle venait de voir lui faisait reconsidérer l’intérêt de la chose! Curieuse, j’ai fait quelques recherches sur le sujet et ai commandé un livre: Diaper Free, d’Ingrid Bauer.
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Et ton couple, ça va?
8 décembre 2005 | Martine GingrasLes gens sans enfant me demandent des nouvelles de moi.
Les gens qui ont un enfant du même âge que la mienne me demande des nouvelles d’elle.
Les gens qui ont des enfants un peu plus vieux me demandent avant tout des nouvelles de… mon couple!
Ils sont passés par-là. Ils savent qu’avant, pendant et après la naissance, nos univers gravitent autour du petit être qu’on a mis au monde. On finit par s’oublier soi-même, et à plus forte raison, on en arrive à oublier son couple. On m’avait prévenue des mois à l’avance: «Rappelle-toi que, même si la famille s’élargit, le couple doit continuer d’exister à deux», mais il faut croire que la magie qu’opère un bébé est plus efficace que toute la prévention du monde… Depuis des mois, les frontières entre «moi», le «couple» et la «famille» sont floues, et vaguement définies par un vaste «nous».
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Laver son linge sale en famille
28 novembre 2005 | Martine GingrasJ’ai découvert hier que l’étape de développement juste après la station debout n’est pas la marche, mais plutôt l’escalade!
J’ai aussi appris qu’il me fallait désormais faire deux fois le tri du linge sale: une fois pour diviser le blanc, les couleurs et le noir, et une seconde fois avant de mettre le tout dans la laveuse.
En effet, on ne sait jamais ce qui peut s’y être rajouté entre temps!
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7 mois et deux mots
21 novembre 2005 | Martine Gingras«Aaaaah! Aaaaaas-tu entendu çaaaaa?» Un cri de mon doux dans la pièce d’à côté: «Ouiiiiiiii!» J’ai alors croisé le regard inquiet de Fanny devant mes hurlements…
«C’est correct, ma chouette, tout va bien… Maman est juste émue et contente, ben ben ben contente…» Et la petite de redire ce qui avait déclenché mes cris: «Maman! Maman! Maman!».
Entendons-nous: il ne s’agit plus du «mmmmmmmeuman» qu’elle pleurnichait depuis le mois d’août. Cette fois, c’est un vrai beau «maman», lancé avec son regard rivé sur le mien, comme pour voir jusqu’au fond du coeur si le mot résonnait bien comme elle l’espérait, là où il le fallait.
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Un coffre à jouets au fil des ans
14 novembre 2005 | Martine GingrasCoffre à jouets, coffre à souvenirs… Au début des années ’70, c’est en arborant le brun et le jaune moutarde qu’il a accueilli mes bonshommes de Fisher Price et mes poupées. J’utilisais ses tablettes pour étaler mes jouets préférés, et je rangeais — ou plutôt, j’entassais — le reste à l’intérieur.
Un peu plus tard, alors qu’il avait viré bleu poudre, mes Barbies et mes blocs Lego y ont élu domicile. Les tablettes se transformaient au fil des scénarios que j’imaginais: tantôt elles étaient les étages d’une grande maison, tantôt elles devenaient stationnement étagé, accueillant des véhicules lunaires de mon invention…
Puis, quelque part au milieu des années ’80, il lui est arrivé ce qu’il advient de tous les coffres à jouets: il a été refermé définitivement par une petite fille qui se trouvait désormais trop grande pour ce qu’il contenait. Je réalise aujourd’hui que, si j’étais trop vieille pour les jouets que j’y voyais, j’étais en fait trop jeune pour savourer ce que je n’y voyais pas encore: des souvenirs!
S’il avait été de plastique, comme ceux de bien d’autres enfants, il aurait sans doute été revendu dans une vente de garage ou simplement fini sa vie au bord du chemin, emportant ses souvenirs — mes souvenirs — avec lui. Mais un papa ne se débarrasse pas ainsi d’un coffre qu’il a conçu et bâti pour sa fille. Mon père a relégué le mien au deuxième étage du garage. Et il a attendu patiemment que passent les années.
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