Le décompte des trimestres d’ici l’accouchement s’est transformé en décompte de mois, puis de semaines… plus que 11! Avant d’en arriver à compter les jours, mon doux et moi avons décidé qu’on se paierait un petit week-end d’amoureux à Québec.

Mais pas question d’y aller comme tous les amoureux à la Saint-Valentin: nous ne sommes pas des amoureux ordinaires, nous, là… nous sommes les amoureux de la dernière chance, ceux qui n’auront plus d’occasions de renouveller aussi facilement les soirées en tête-à-tête à l’avenir. Pas question non plus d’aller s’embourber dans le tourbillon des carnavaliers… Nous voulions un week-end juste pour nous, et c’était maintenant ou jamais.

Nous avons réservé rien de moins qu’une suite thématique à la chic Auberge Saint-Antoine. Nos lectures sur la suite James Bond, la suite Sorbet ou celle du capitaine avaient piqué notre curiosité, mais la seule qui était libre au moment de la réservation était la suite victorienne.

Cela m’a attiré les taquineries de mes collègues: pour une soirée en amoureux, quoi de mieux que la légendaire austérité victorienne, n’est-ce pas?

Mouais… Sur le coup, j’avoue avoir eu quelques doutes, mais nous l’avons réservée tout de même, et n’avons eu ni remords, ni regrets!

Il faut dire qu’après avoir visité le célèbre Hôtel de glace par un froid glacial, n’importe quelle chambre aurait semblé chaleureuse. Mais nous n’étions pas dans n’importe quelle chambre: nous étions dans une magnifique suite, et nous avons eu tôt fait de donner tord à la réputation de l’ère victorienne! Permettez que je n’entre pas dans les détails…

Pour le souper, qu’on se le tienne pour dit: il est très compliqué de manger aux meilleures tables de Québec en janvier. Nous avions espéré, dans l’ordre, aller à l’Utopie, au Laurie-Raphaël, à l’Initiale ou au Panache, mais les trois premiers étaient fermés, soit pour rénovations, soit pour… je ne sais trop, peut-être simplement pour permettre à l’équipe de prendre un grand souffle avant le Carnaval! Nous sommes donc allés au Panache, l’excellent resto de l’Auberge Saint-Antoine. Cela nous a évité d’affronter le froid mordant, ce dont nous ne nous sommes pas plaint.

Certains plats étaient véritablement sublimes. La palme de la soirée revient au carpaccio de cerf choisi par mon doux en entrée, qui nous restera en mémoire longtemps. Mes pétoncles étaient exquis, le ris de veau délectable (dixit mon doux, je n’y ai pas goûté) et l’accompagnement de betteraves miniatures rouges et jaunes m’a donné un moment l’impression que nous étions en plein été, avec l’accès aux légumes frais et originaux sortis droit de notre potager. Ça, c’est du compliment, monsieur!

D’autres choix étaient moins heureux: la soupe à l’oignon en entrée était trop concentrée et sucrée, et les petites choses chocolatées que nous avons commandées pour dessert étaient plutôt inégales: certaines étaient fameuses (la tarte au chocolat noir et la crème glacée), mais le reste du plateau n’avait rien d’exceptionnel, au point que j’ai regretté de n’avoir pas plutôt choisi le beignet de chèvre qui m’avait alléchée. L’ensemble du repas reste mémorable, mais pour un resto aussi coûteux, l’ordinaire n’aurait pas dû avoir sa place dans l’assiette… ce qu’un critique de Québec a déjà souligné avant moi.

Le déjeuner n’étant pas inclus dans le prix de la suite, nous avions au petit matin un large éventail de possibilités, pour autant qu’il y ait des oeufs bénédictines au menu (pratique d’être enceinte pour se faire passer tous ses petits caprices!) Nous avons opté pour le Lapin sauté, où nous avons passé un moment des plus agréables, devant un bol de chocolat chaud, à faire les plans pour l’après-midi.

Ensuite, après un petit tour de funiculaire et une bonne marche, nous avons pris la direction de l’Aquarium de Québec, où nous avons passé presque trois heures à admirer poissons, méduses, otaries, morse… À chaque détour, nous ne pouvions faire autrement que nous imaginer ce que la visite serait dans quelques années, avec notre petite avec nous pour s’émerveiller devant chaque animal.

Les ours étant endormis lors de notre premier passage dans leur coin, mon doux a insisté pour retourner les revoir avant de quitter l’Aquarium. Cela aura valu le détour: ils étaient cette fois bien éveillés, tantôt joueurs et tantôt colleux… les voici d’ailleurs en train de se faire un mignon bécot:

Retour à Rosemère par le Chemin du Roy, du moins jusqu’à Trois-Rivières, après quoi nous avons pris la voie rapide pour revenir souper à la fondue au fromage dans notre petit bungalow…