Première sortie seule
Quand nous sommes arrivés à la gare, ça allait. Lorsque le train s’est arrêté devant moi, ça allait encore. Même au moment de monter dans le wagon, ça allait. Mais quand j’ai regardé par la fenêtre, que j’ai vu mon doux m’envoyant la main en tenant le siège d’auto dans lequel deux yeux ronds comme des billes me regardaient partir… aaaaargh!
Pas facile de définir les sentiments qui m’habitaient alors… Un mélange d’anxiété et de solitude. Je sais, parler de solitude peut sembler étrange lorsqu’on quitte la maison pour aller à un 5 à 7, mais comprenez-moi: j’avais vécu plus de trois mois collée à mon petit bout de fille 24h sur 24, 7 jours sur 7… Ma seule sortie sans elle s’est résumée à deux grosses heures au salon de coiffure il y a trois semaines.
Mais cette fois, c’était du sérieux: il s’agissait d’une soirée en ville, qui me semblait soudain loin comme ce n’était pas possible, comme si on avait relocalisé Montréal en Australie!
N’empêche, je me suis raisonnée: je m’étais traie suffisamment pour que mon doux allaite trois jours d’affilée si jamais je me perdais dans l’outback montréalais, alors que pouvait-il arriver? Bon, d’accord, je peux vous faire une liste longue comme ça de tout ce que j’imaginais qui pouvait arriver: un raz-de-marée pouvait effacer Rosemère de la carte en mon absence, une poussée de croissance ultra-rapide me ferait retrouver ma petite déjà ado, un saint en mal de miracles pourrait avoir transformé mon stock de lait en vin…
…mais je le répète: je me suis raisonnée et ai décidé de profiter pleinement de la soirée. J’ai donc frotté les petits vestiges bave que j’ai découverts sur mon épaule, remis un peu de rouge à lèvre et ai décidé de penser à autre chose que la maternité au moins pour un soir.
Résultat? Raté, raté, raté! Pas la soirée, je vous rassure: au contraire, j’ai vraiment adoré ma sortie! Mais on repassera pour penser à autre chose que la maternité…
Alors qu’il s’agissait d’un 5 à 7 de réseautage professionnel, j’ai trouvé le moyen de parler exclusivement de couches lavables, d’allaitement, de Bambi, de cardio-poussette et autres sujets sur lesquels mes interlocuteurs étaient aussi intarissables que moi.
À moins que je n’aie été intarissable et qu’eux, qui sont déjà passés par là, aient tout bonnement été compréhensifs!
Peu importe, au fond: j’ai passé du bon temps, et au retour de mon escapade au bout du monde, j’ai retrouvé ma banlieue, ma petite, mon doux, ma routine… et je me suis promis de ne pas laisser passer trois autres mois avant de rééditer l’expérience!
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:) Comme tu m’as fait rire Martine !
Je me souviens de ma première sortie (qui avait été planifiée plus de 4 mois plus tôt). Pour Noël, ma belle-soeur et mon beau-frère nous avaient donné une paire de billets pour le show de Mario Jean en avril. Comme j’accouchais en mars, ma belle-mère avait déjà été « réservée »
comme gardienne pour la soirée.
Enceinte, j’angoissais déjà à l’idée que je devrais laisser mon fils (pas encore né) âgé d’à peine plus d’un mois pour une soirée… :)
Finalement, tout s’est très bien passé, mais j’ai tout de même appelé pendant l’entracte… :) -
Comme ce que tu dis là me rejoint !!! En 2 mois, j’ai dû quitter ma fille une seule fois : pour aller chez le vétérinaire d’urgence,¸j’ai dû la faire garder par ma belle-mère durant un peu plus d’une heure. Jamais je n’aurais pensé qu’il était possible de se sentir si mal de laisser quelqu’un. Tu as mis le doigt dessus, tes mots ont été choisis à merveille : « c’est comme si le vétérinaire avait soudainement déménagé en Australie ».
Pour ce qui est de finir par parler presqu’uniquement de nous bout’choux, je crois que c’est un syndrôme commun à toutes les mamans. En tout cas moi, même si je fais de gros efforts pour parler d’autres choses, je finis toujours par parler de couches, de sucettes et de dodos ;-)
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J’ai bien ri moi aussi et en même temps, on ressent bien toute la souffrance de la séparation.Moi, mon petit bout, je l’attends pour janvier 2006…Mais je me sens déjà en pleine fusion avec lui…ou elle.
j’ai découvert ton site il y a deux jours et j’en aime le ton mêlé d’humour un peu caustique et mignon…
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Au premier coup d’œil sur le titre de cette note, j’avais pensé « Martine est bien imprudente de laisser sa fille de trois mois sortir seule. Mais ils sont si en avance, les Canadiens ! »
En fait c’était seulement une permission de l’après-midi accordée par Fanny.
Bien rigolo, on en redemande. -
J’ai d’abord pensé comme Gilles. Mais je pensais que Fanny passait une nuit seule chez ses grands-parents.
Très amusant ton histoire.
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T’en fais pas, ça passe quand les enfants ont… 30 ans… Ma fille a deux ans et j’y pense toujours autant avant de sortir sans elle…
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